Un nouveau livre sur le génocide vendéen causé par les révolutionnaires français est paru en septembre 2020 sous la plume de Jacques Villemain aux éditions du Cerf sous le titre Génocide en Vendée 1793-1794.
« Retour sur l’affaire qui depuis deux siècles divise la France. Mais ni plaidoyer idéologique, ni relation historique, ce livre consiste dans une véritable instruction juridique selon les critères mêmes de la justice internationale. La réparation d’un trou béant dans notre mémoire. Pourquoi c’est un génocide. Pourquoi il n’est pas reconnu. Pourquoi et comment il devrait l’être. Mars 1793 : la Vendée se soulève pour défendre ses “bons prêtres”, et se bat pour le retour d’un roi qui protégeait cette religion, que le nouveau régime persécute. Au cours de la guerre qui suivra, 21 à 23 % de la population de la région (170’000 personnes environ, surtout femmes, enfants et vieillards) périra. Utilisant la méthode du droit pénal international telle qu’elle s’est développée dans l’analyse des génocides commis en ex-Yougoslavie, au Rwanda, au Cambodge, sans négliger l’expérience du tribunal de Nuremberg, Jacques Villemain démontre que ces massacres entrent parfaitement dans la définition de ce “crime des crimes”. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi a-t-on tant de mal en France à regarder ces faits en face ? Pourquoi serait-il bon de mettre derrière nous cette tragédie en reconnaissant enfin la nature de ces crimes, et comment le faire dans des conditions qui honorent notre attachement aux droits de l’homme et notre unité nationale ? Une enquête sans précédent ».
Dans ce livre, l’auteur, diplomate et juriste, spécialiste de droit international, entend corriger une vision faussée du génocide de la Vendée en utilisant la méthode du droit pénal international éprouvée par les récents génocides mentionné ci-dessus.
Cet ouvrage fait écho à celui de Reynald Secher La Vendée-Vengé ou le génocide franco-français, aux éditions Librairie Académique Perrin, juin 2006 :
« On a voulu oublier la Vendée. Comme les camisards ou les cathares. A l’été 1790 se déclenche une résistance presque unanime contre la prétention des autorités révolutionnaires de réglementer le culte. Elle est suivie, trois ans plus tard, par le refus de la conscription au service d’une armée jugée impie. En réponse à cette insurrection des humbles, la Convention a organisé l’ “extermination” des Vendéens, à commencer par les femmes, ces “sillons reproducteurs”, et les enfants, de “futurs brigands”, et l’anéantissement de la Vendée” ; 770 communes deviennent hors-la-loi et condamnées à la “vindicte nationale” ; le nom même de Vendée cède la place au département “Vengé”. Les moyens sont éloquents : camps, fours crématoires, sabrades. Les bilans, tant humains que matériels, sont impressionnants. A sa sortie, voilà vingt ans, ce livre avait choqué par la crudité que révélaient les archives. Aujourd’hui que les recherches ont confirmé les travaux pionniers de Reynald Secher, force est de reconnaître l’importance de cette contribution à l’histoire de la Révolution.»
Reynald Secher avait brillamment rappelé ce génocide vendéen commis par la France révolutionnaire lors de sa passionnante conférence donnée en novembre 2018 à Annecy-le-Vieux sous la bannière de 100% Savoie : « Quelle conférence exceptionnelle donnée par le Dr ès lettres Reynald Secher, au centre Jean XXIII à Annecy-le-Vieux ! Le conférencier a su captiver les 80 personnes présentes en faisant la relation entre le monde d’aujourd’hui et l’infâme épisode du génocide-mémoricide français en Vendée en 1793-1794, matrice de tous les génocides mondiaux, sans oublier les atrocités commises à la même période en Savoie, relayées par 100%Savoie, mais oubliées du grand public. Seuls les médias locaux n’ont pas été à la hauteur de l’événement, puisqu’ils n’ont pas daigné communiquer l’information. Il y aura de toute façon une séance de rattrapage, puisque M. Reynald Secher , séduit par la qualité du public, a promis de revenir en Savoie ». On l’attend de pied ferme !
Et en Savoie ?
On estime à 80’000 le nombre de Savoyards morts durant les 23 ans de la septième invasion française – 23 ans de terreur, d’horreurs et de conscription forcée -, soit plus de 18% de la population. Toute la vallée de Thônes, et d’autres aussi, pillée et détruite suite à la défaite des résistants savoyards, les populations de Lanslebourg et de Lanslevillard déportées, les récoltes dévastées, les réserves de vivres dévorées, et la famine qui s’en suit… les femmes violées, les villages incendiés, les exécutions sommaires des résistants, les domaines volés et transformés en bien nationaux revendus à vils prix aux petits copains révolutionnaires , etc. Voici ce qu’a été la révolution française en Savoie, pas mieux qu’en Vendée !
Et dire que tous les maires savoyards sont obligés de fêter à grands flonflons le 14 juillet 1789, alors que la Savoie avait encore la chance de ne pas être française et de ne pas encore subir la terreur en ce 14 juillet-là, date qui devrait être un jour de deuil pour la Savoie et surtout pas de fête. A moins qu’il ne s’agisse du 14 juillet 1559, lorsque enfin Emanuel-Philibert de Savoie, 10ème duc, récupéra l’ensemble de ses Etats vilement conquis par François 1er en 1536 lors de la 1ère invasion française, et là ça devrait être effectivement un jour de liesse. Que les maires de la Savoie ne se trompent plus de 14 juillet !
Ce génocide s’est même poursuivi par la mise en première ligne des Savoyards lors de la 1ère guerre mondiale au mépris de la neutralité de la Savoie et pour « casser une mémoire, celle de la Savoie souveraine », comme me le disait il y a fort longtemps mon père, avant que je ne m’intéresse à la Savoie, et donc casser une génération. C’est la Savoie qui a payé le plus lourd tribut à la France, proportionnellement à sa population, 25’000 soldats savoyards sont morts sous les couleurs françaises qui n’étaient pas les leurs, alors même que cette guerre franco-prussienne ne regardait aucunement la Savoie encore neutre et libre moins de soixante ans auparavant. Les monuments français, aux morts, sont là pour nous le rappeler.
Combien de Savoyards sont-ils morts par la France depuis 1793, date de la septième et avant-dernière annexion française ? Pourquoi donc la Savoie n’est-elle pas présente dans la liste des victimes de génocide au même titre que l’ex-Yougoslavie, le Rwanda, le Cambodge, comme le précise Jacques Villemain, au nom du droit pénal international ?
Ceux qui parlent de devoir de mémoire envers les victimes du nazisme, parlent-ils de ce même devoir de mémoire envers les victimes de la France impériale, coloniale et / ou républicaine, dont les Savoyards à plus d’un titre ?
Savent-ils que les nazis n’ont fait que copier la France révolutionnaire en améliorant et en “industrialisant” ce système pour les déportations, les génocides, les crématoires et même pour les tanneries de peaux humaines, la France en contenait effectivement trois : https://www.viveleroy.fr/Les-tanneries-de-peau-humaine-sous,66
Alors oui, il faut positiver la France, mais quand on se plonge dans son histoire sans le filtre des historiens officiels français, et avec un peu de recul, il est difficile de positiver, surtout en Savoie.
Finalement, le seul point positif de la Révolution française en Savoie, c’est la reconnaissance de la souveraineté du peuple de la Savoie par la France : Le peuple de la Savoie est souverain comme celui de la France, car la souveraineté n’admet ni plus ni moins, elle n’est pas susceptible d’accroissement ni de diminution… rapportait le député Grégoire en 1792 lors de la première République une et indivisible. Et qu’a fait le Second Empire ? Il s’est empressé de couper et diviser la Savoie et son peuple en deux, dès la huitième annexion française. Et qu’a fait la cinquième République ? Elle l’a diluée et noyée dans des régions françaises de plus en plus mégas en rabaissant les habitants de la Savoie de peuple souverain à simples pions au service de Paris, contrairement aux déclarations du citoyen et député français Grégoire !
Quelle est la solution ? Elle se trouve certainement dans l’étude très fouillée de Claire Pittard pour 100% Savoie : Les collectivités territoriales de la République française et les Eurorégions (Intereg), perspectives pour la Savoie ? , printemps 2020, que tous les élus et décideurs savoyards se doivent de lire et d’en tirer les seules conclusions qui s’imposent pour la Savoie et ses habitants
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