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Comment les habitants de la Savoie ont été dépossédés de leur langue ancestrale (le savoyard) pour se voir imposer une langue étrangère à la place

janvier 15, 2021 Laisser un commentaire

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1er édition : 09 septembre 2018

2ème édition (enrichie) : 19 juillet 2020

Pendant des siècles, la langue parlée par le plus grand nombre en Savoie a été le savoyard (appartenant au groupe linguistique du ‘franco-provençal’, ou ‘Arpitan’). Cette langue en fait est multiple. Selon les lieux, des mots différents, quoique voisins, existent pour dire à peu près la même chose.

La langue savoyarde avec ses cousines proches fait partie d’une vaste zone linguistique qui couvre le Lyonnais, le Forez, le Dauphiné, la Bresse, le Val d’Aoste, le Pays de Vaud, les cantons de Neuchâtel, Genève, Fribourg (hors partie germanophone), le bas Valais, la Franche Comté et la Savoie.

Avant l’annexion de 1860, la Savoie jouissait d’une large autonomie en faisant parti d’une sorte de confédération comprenant la Savoie, le Val d’Aoste, le Piémont, Nice et son pays, la Sardaigne et la Ligurie. L’usage de la langue Française était peu répandu en Savoie. Seules certaines catégories qu’on dirait aujourd’hui ‘supérieures’ (la noblesse, l’administration, le clergé), avaient une connaissance suffisante pour l’utiliser. Les autres catégories c’est à dire la grande majorité de la population, parlaient principalement le savoyard et très peu le français*. C’était encore plus vraie pour l’écriture. Malgré cela, le savoyard est aussi une langue écrite, (contrairement à ce qu’on entend souvent dire ; en sont pour preuve les nombreux auteurs** qui ont écrit en savoyard.

L’école dans la Savoie devenue française n’est devenue obligatoire et gratuite pour les garçons qu’à partir des années 1880 et les lois Jules Ferry sous la 3ème République française. Auparavant, l’enseignement était principalement assuré par les religieux et il était payant, mais souvent subventionné partiellement par la commune, et était facultatif.

La Savoie est envahie et occupée par la France de François 1er de 1536 à 1559 (c’est la 1er invasion/occupation que va subir les Etats de Savoie entre 1536 et 1792). Il y en aura encore sept, dont six par la France et une hispano-française. Lorsque le duc Emmanuel-Philibert récupéra ses Etats en 1559, il garda la langue Française en Savoie et au Val d’Aoste pour tout ce qui était officiel à la place du latin que l’occupant François 1er avait commencé à mettre en place à partir de 1539 (Ordonnance de Villers-Cotterêts où le Français est devenu la langue officielle dans le royaume de France pour l’administration à la place du Latin). C’est un 1561 qu’Emmanuel Philibert a officialisé par l’édit de Rivoli, le remplacement du latin par le Français pour tous les textes administratifs officiels en Savoie et au Val d’Aoste.

A l’école républicaine française (laïque ou religieuse), la seule langue admise dans les écoles de la Savoie est le français. Dans le système français, l’Etat impose un monopole linguistique. Aucune entorse à ce monopole n’est admise. C’est en grande partie par ce moyen que l’Etat français s’est bâti par la contrainte dans les nombreuses provinces et pays non francophone qui composent la France. Même dans les cours de récréation il était interdit aux enfants de communiquer entre eux dans leur langue naturelle (le savoyard) sous peine de punition et d’humiliation.

*le français qui était le patois de l’Ile de France et du Val de Loire, où résidaient le plus souvent les rois de France, est devenu la langue officielle du royaume de France en 1539 sous François 1er (officialisé par la fameuse ordonnance de Villers-Cotterêts).

**pour n’en citer que quelques-uns qui écrivent en savoyard à partir de 1416 (date à laquelle la Savoie a été érigée en duché sous Amédée VIII) : Jean Scybille, Nicolas Martin, Bernardin Uchard, Joseph Béard, Amélie Gex, Just Songeon, …

Le but des jacobins-centralisateurs parisiens qui contrôlent l’Etat, et c’est encore le cas aujourd’hui, était de mettre un terme à la transmission de la langue savoyarde pour que les petits Savoyards, en perdant leur identité, deviennent de bons petits Français moyens corvéables à merci, comme tous les autres enfants de l’Hexagone, quelle que soit leur origine géographique ou familiale….. L’homogénéisation, l’uniformisation est l’obsession de la plupart de ceux qui font fonctionner l’administration française.

Devant cette situation hostile à la langue savoyarde, imposée par le nouveau maître français, les parents, pensant à tort agir pour le bien de leurs progénitures, ont peu à peu cessé de leur transmettre leur langue ancestrale ; à la maison, ils ont cessé de parler le savoyard à leurs enfants. Ainsi la langue savoyarde n’étant plus transmise ni à l’école, ni à la maison, devint rapidement une langue en voie de disparation.

Cette belle langue ancienne, composante majeure de l’identité savoyarde, devenait inutile, voir honteuse. Pour certains c’était même devenu un signe d’arriération. Au grand plaisir des centralisateurs français, la langue savoyarde, devant tant d’hostilité allait disparaitre sans tambours ni trompettes, misérablement comme si elle n’avait jamais existé.

Les parents, qui ont surement à regret cessé de transmettre leur langue ancestrale aux générations suivantes, comme cela s’était toujours fait auparavant, ont sans le vouloir participé à la destruction de leur propre identité et pas seulement à celle de leurs descendants.

En 2018, le savoyard n’est toujours pas enseigné. Très peu d’habitants de la Savoie, à part quelques anciens, le parlent encore. Presque plus personne n’est capable de le lire et l’écrire. Seuls l’institut de la langue savoyarde (http://www.langue-savoyarde.com/), la fédération ‘’ Lou Rbiolon’’ (http://www.langue-savoyarde.com/les-groupes-savoyards/federation-des-rbiolons), ainsi que d’autres groupes culturels, théâtraux ou musicaux (http://www.langue-savoyarde.com/les-groupes-savoyards/autres-groupes) s’en préoccupent vraiment et font un travail admirable de préservation du savoyard.

Un des meilleurs moyens d’acculturer un peuple c’est de subrepticement lui retirer les valeurs ancestrales dans lesquelles il se reconnait. La langue en est une composante essentielle. Privé de sa langue propre, un habitant de la Savoie a aujourd’hui perdu un élément essentiel de son identité.

De plus, les nombreux nouveaux habitants de la Savoie, venus d’ailleurs, vu que la langue savoyarde n’existe presque plus, n’ont pas eu d’efforts à faire pour apprendre une nouvelle langue et s’adapter à une nouvelle culture. Cet populations nouvelles (on dit qu’en 2016, sur 1 200 000 habitants de la Savoie, il n’y a plus que 40 à 50% qui sont d’origine) aggravent le phénomène d’acculturation et la perte de l’identité savoyarde.

Aujourd’hui le bilan est terrible pour les Savoyards. Le maître français, en un peu plus de 150 ans, a réussi à détruire leur langue et leur identité.

Certains pensent que cette acculturation est une bonne chose, que cela efface les différences, facilite la communication entres des gens de différents horizons. Cela est faux, car l’homogénéisation et l’uniformisation tuent la diversité. Et sans diversité, comme la nature nous le montre très bien, l’homme en tant qu’être autonome et responsable ne survivra pas.

En défendant la Savoie et ses spécificités, dont la langue bien sûr, on défend la Savoie, mais on se bat aussi pour notre propre survie en tant qu’être humain autonome et responsable.

Heureusement aujourd’hui, certains se battent activement pour que la langue Savoyarde renaisse de ces cendres, quelques noms parmi d’autres :

Marc Bron (maire d’Habère-Poche qui se démène inlassablement pour que le savoyard soit enseigné aux petits Savoyards) ;

Pierre Grasset (écrivain en savoyard : http://www.savoie.ialpes.com/auteur/grasset-pierre.htm).

M. Roger Viret inlassablement comme une fourmi fait vivre son dictionnaire Français/Savoyard de 3000 pages en l’enrichissant en permanence de mots, d’expressions propre à un lieu particulier. En 40 ans, on en est à la 7éme édition. Cela reflète la richesse et la variété de la langue Savoyarde qui tout en étant multiple reste compréhensible à tous les patoisants d’où qu’ils viennent.

Ce dictionnaire est consultable en ligne gratuitement (http://www.arpitania.eu/aca/documents/Dictionnaire_Viret_Francais_Savoyard.pdf).

On peut retrouver la voix de M. Viret parlant son patois sur ‘Opinions Savoisiennes’ http://opinionssavoisiennes.altervista.org/parlons-notre-langue-4/ .

Il y a aussi en excellent site très riche, très documenté qui couvre la vaste zone linguistique Arpitane (http://arpitania.eu/) grâce au formidable travail et dévouement de M. Eric Vernet.

Par ailleurs, des troupes de théâtre maintiennent vivante la tradition de jouer en savoyard, comme celle de des Balouryin de Chainaz (http://www.lesbalouriens.com/presentation.html), qui propose chaque hiver des spectacles en langue savoyarde, et qui joue toujours à guichet fermé. Chez nos voisins du Val d’ Aoste, le savoyard est enseigné dès l’école primaire.

Au pays de Vaud, ou dans le canton de Fribourg (Bulle, la Gruyère), en bas Valais, les initiatives se multiplient en faveur de l’Arpitan. A Genève, c’est bien en savoyard que se chante le ‘’Cé qu’è lainô’’, chant patriotique genevois commémorant l’événement de l’Escalade*. Et à propos de chant savoyard, on ne peut pas oublier Jean- Marc Jacquier avec tous ceux du Réseau d’échanges transfrontaliers alpins (http://www.reta-tdc.com/index.php).

Il y a aussi Mme. Odile Lalliard qui ne ménage pas ses efforts pour préserver les chants et chansons en patois.

Il y a aussi au Pays de Vaud, un formidable site internet http://www.patoisvaudois.ch/ très vivant, très bien informé avec une foule de bande sons.

Un autre site Suisse, cette fois celui du canton de Fribourg, https://patoisants.ch/ se distingue par la facilité de navigation entre les rubriques et les nombreuses bandes son bilingue (Arpitan/français) jumelés avec les textes bilingues correspondant.

*12 décembre 1602, tentative et échec d’invasion de la république de Genève par les troupes du Duc de Savoie (Charles Emmanuel).

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